Claude Singer - Storico del Centro di Documentazione Ebraico Parigi:

"Gli Ebrei in Polonia prima della guerra" - "I ghetti"

La deportation

 

Pour développer ce période de plusieurs toute l'Europe il faut la déportation des juifs, sujet qui réunit des éléments complexes sur une années (1938-1945) et sur un vaste espace (presque mettre en évidence trois points essentiels concernant : le vocabulaire, la chronologie et la problématique.

1) Le vocabulaire

Le mot "déportation" recouvre des choses différentes selon les pays et les périodes. Les juifs n'ont été ni les premières ni les seules victimes des déportations. En Allemagne, avant meme les juifs, on a arreté et déporté dans les camps de concentration d'autres catégories d'exc1us : opposants, résistants, chrétiens, homosexuels, tsiganes...

Il y a eu aussi, avant meme les premières opérations militaires, des déplacements massifs de populations civiles non-juives, notamment en Tehèquie (Sudètes), en Pologne (Poméranie), en Roumanie (Transylvanie e t Moldavie), en Ukraine, en Russie...

Les combats amplifient les déplacements de populations : on considère que 60 millions d'Européens (parmi eux environ 15 millions de soviétiques) ont quitté leur foyer pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est dans ce contexte que se situe la déportation des juifs.

Le mot "déportation" est utilisé d'abord en France pour désigner les personnes emmenées de force hors, du territoire national comme soldats prisonniers, travailleurs forcés (STO) ou résistants politique. La déportation des juifs n'interviènt dans ce pays qu'à partir de mars 1942et elle n'est pas perçue immédiatement comme différente des autres formes de déportation. D'ailleurs dans l'après-guerre les spécificités de la déportation des juifs ne sont toujours pas c1airement perçues en France et dans d'autres pays. (Cf. Nuit et Brouillard d'Alain Resnais, 1956). On confond souvent différentes catégories de déportés et l'expression "déportation" fait davantage

référence aux résistants politiques qu'aux ]uifs. Pour se faire comprendre lorsqu'on veut évoquer le sort des juifs on utili se alors l'expression "déportation raciale", Aujourd'hui c'est l'inverse. Lorsqu'on utili se en France

ou dans plusieurs pays européens l'expression "déportation" il s'agit généralement du sort des juifs pendant la guerre et si. on veut évoquer d'autres catégories de déportés (travailleurs, otages, résistants) il est nécessaire de le préciser. Le sens du mot "déportation" a don c évolué avec le temps. Il faut le souligner pour faire comprendre aux élèves ou aux étudiants que les déportés juifs n'avaient pas nécessairement eux-memes une idée claire de ce que signifiait leur déportation.

Ils pouvaient d'autant moins le deviner que les nazis utilisaient volontairement un vocabulaire particulier pour dissimuler la signification réelle de cette déportation. Le mot était d'ailleurs banni par les autorités nazies. D'autres expressions plus vagues et plus neutres étaient utilisées dans le langage administratif nazi (LTI), notamment expulsion et transfert massif vers de nouvelles zones de peuplement (Verlagerung), évacuations, redéploiements, transplantations (Umsiedlung), disparition (Entfernung)...

Avec l'adoption du décret Keitel (NN, Night and Fog, 7 décembre 1941), la déportation des juifs devient plus opaque puisqu'un secret absolu couvre désormais les déportés NN et les juifs. Les expression "déportation vers l'est", "déportation vers une destination inconnue" et "solution finale" n'ont pas non plus la meme signification en 1940 et en 1943. Grace à un vocabulaire imprécis, confus et dont la signification évolue avec le temps les nazis sont parvenus à camoufler la signification réelle de la déportation des juifs.

2) La Chronologie

Comme la signification de cette déportation évolue dans le temps, il faut bien distinguer trois phases distinctes :

* Mars 1938-octobre 1941 : Émigration forcée et expuisions des juifs

Pendant cette période la déportation consiste surtout à expulser les juifs hors du Reich (Verlagerung) pour s'en débarrasser. On encourage donc l'émigration des juifs en ouvrant notaroment à Vienne, aussitot après l'Anchluss (mars 1938), un Zentralstelle fur ludische A uswanderung

(CentraI Office for lewish Emigration). L'émigration est dirigée par Heydrich, avec l'aide d'Eichmann. C'est en fait une émigration forcée car arrestations, humiliations et spoliations se multiplient. Entre mars 1938 et septembre 1939 plus de 120.000 juifs quittent l'Autriche.

A la suite de l'échec de la conférence internationale d'Évian sur les réfugiés juifs en Europe (6-18 juillet 1938) Bitler affirme publiquement son intention d'expulser les juifs du Reich. Après la signature des accords de Munich il commence à roettre ses menaces à exécution en expulsant notamment (dans des trains) plusieurs milliers de juifs établis en Allemagne o vers la frontière polonaise (Sponszyn, 28 octobre 1938, cL carte et photographie). Les autorités polonaises refusent de recevoir ces juifs et la crise débouche peu après sur l'assassinat du conseiller d'ambassade vom Rath à Paris et les pogroms de la Nuit de Cristal (8-9 novembre 1938). À la suite d'une vaste opération policière orchestrée par Himmler, 30.000 juifs allemands sont alors arretés dans le Reich et déportés vers Dachau, Sachsenhausen et Buchenwald. L'annexion de Prague en mars 1939 se traduit également par des arrestations et des expulsions massives de juifs.

Après l'invasion de la Pologne (septembre 1939) les juifs en provenance de Pologne mais aussi d'Autriche, de Tchécoslovaquie et de Prusse orientale commencent à etre déportés en train vers une réserve (reservation) créée à leur inteQtion dans la région de Lublin. Comme rien n'a été prévu pour l es accueillir (manque d'eau et de nourriture, absence d'hygiène et multiplication des épidémies) la mortalité des juifs déportés est particulièrement élevée : au moins 500.000 juifs ont trouvé la mort dans les ghettos polonais en 1939-40. A la sui te des protestations du gouverneur général de Pologne (le Gauleiter Frank) et pour ne pas désorganiser davantage l'économie, on interrompt en février 1940 la déportation des juifs vers cette zone. Les juifs sont don c désormais regroupés et déportés vers d'autres ghettos polonais : Lodz, Cracovie, Varsovie... Les autorités nazies déportent également les juifs vers l 'ouest et le sud de l'Europe pour les forcer à émigrer, notamment en France (Gurs, 23 octobre 1940), en Hollande, en Italie et en Y ougoslavie. A vant le début de l'invasion de l'URSS (22 juin 41) la déportation des juifs est donc déjà massive (elle concerne plus d'un million de personnes en Pologne) mais elle n'est pas encore associée à l'extermination. Il s'agit avant tout d'expulser le plus grand nombre possible de juifs hors des frontières du Reich.

** Octobre 1941-mars 1942 : Déportations et premiers massacres

L'attaque de l'URS_ change la nature de la déportation des juifs. Il ne s'agit plus désormais d'expulser, de refouler et de déplacer les juifs hors du Reich mais de les exterminer. Une ordonnance d'Himmler (22 octobre 1941) interdit l'émigration des juifs hors d'Europe et les discussions avec les USA sur les réfugiés juifs sont interrompues. On commence aussi à acheminer les juifs par train, vers des zones spécialement aménagées dans les pays baltes et en Biélorussie (Riga, Kovno, Minsk...) OÙ ils sont systématiquement massacrés. Ces massacres concernent non seulement les juifs de la région qui ont échappé aux Einsatzgruppen maiségalement des juifs du Reich. Le 16 octobre 1941 par exemple 20.000 -juifs allemands et autrichiens sont déportés dans ces ghettos. Ilssont fusillés dès leur descente des wagons. En décembre 1941, on expérimente aUSSI les premIers camlOns à gaz à Chelmno. A la sui te de la conf érence de Wannsee (20 janvier 1942), avant méme l'ouverture des camps d 'exterminati on, les déportations et les massacres de juifs s'intensifient. Désormais tous les juifs d'Europe si tués dans l'orbi te du Ille Reich vont étre concernés par les déportations.

*** Mars 1942-novembre 1944 : lnternationalisation des déportations

Au cours de cette période l'internationalisation de déportation des juifs s'accentue. Les camps d'extermination ouvrent leur portes. On vide les ghettos polonais et la déportation des juifs devient systématique. En p l u s des juifs allemands, autrichiens, polonais et soviétiques, on envoie à Auschwitz les premiers juifs slovaques et français (mars 42), hollandais (juillet 42), belges et croates (aofit 42), serbes (septembre 42), tchèques (octobre 42), norvégiens (décembre 42), grecs (mars 43), italiens (octobre 43), hongrois (mai 44)... (Cf. tableau chronologique)

La plupart des juifs déportés sont envoyés à Auschwitz OÙ environ un million d'entre-eux périssent. Après la liquidation des camps d'extermination à l'automne 1944 les survivants sont évacués vers d'autres camps de concentration dans ce que l'on a appelé "les marches de la mort". C'est l'épiIogue sanglant de la déportation des juif avant la libération d'un peti t nombre d'entre-eux au printemps 1945.

Les 3 phases de la déportation des juifs n'avaient donc pas exactement la méme signification. Il faut le souligner pour comprendre que la confusion entretenue par les nazis induisait aussi en erreur nombre de juifs.

3) La Problématique

Pourquoi la question de la déportation des juifs est-elle si importante?

La spécificité de la Shoah tient d'_bord au fai t que nombre de juifs ont été tués non pas sur pIace, dans les campagnes et les villes OÙ ils vivaient, mais à des centaines de kilomètres de leur lieu de résidence habituel, parfois après toutes sortes de moyens de transport (camion, bus, train, bateau, marche à pied), dans des ghettos ou des camps aménagés spécialement à ce t effet. C'est un cas unique dans l'histoire de massacres soigneusement prémédités, planifiés et organisés, qui différencie la Shoah des autres exterminations. C'est la première fois qu'un si grand nombre de personnes sont tuées après avoir été déportées spécialement à cet effet. Ces hommes, ces f emmes, ces enf ants et ces v ieillard venaient de toute l'Europe s i tu é e dans la sphère d'influence des nazis : Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie,

Hongrie, Pologne, Norvège, Hollande, Belgique, France, pays bal tes, Roumanie. Ukraine. Russie. Italie, Orèce. Y ougoslavie... (Cf. Photographies)

Les efforts déployés par les autorités nazies pour déporter et exterminer les juifs dans toute l'Europe étaient considérables : au total plus de 1000 c,onvois acheminent un million de juifs jusqu'à Auschwitz, avec parfois l'arrivée de 5, 6 et meme 7 convois le meme jour (chaque convoi réunissant généralement 1000 personnes mais il existe aussi des convois de 5000 et meme de 8000 personnes). Ces efforts privaient le Reich d'une m ai n d'oeuvre utile, empechaient d'améliorer le ravitaillement des civils et privaient également le front d'éventuels renforts militaires. Curieusement les convois de déportés juifs étaient meme prioritaires sur les convois militaires. C'est incohérent et irrationnel mais il faut le rappeler car cela souligne que la Shoah était inserite au coeur meme de l'idéologie nazie. A u lieu de vouloir gagner la guerre à tout prix les nazis ont cherché jusqu'au bout à déporter les juifs pour les exterminer. La déportation joue donc bien un role essentiel dans la Shoah.

Il faut souligner également l'importance de la déportation dans la mémoire de la Shoah. Dans les témoignages, les récits et les films. c'est presque toujours un moment crucial car il marque une rupture brutale et définitive entre la vie normale "d'avant" et l'univers concentrationnaire. Pour les survivants c'est non seulement un traumatisme ma Is aUSSI lapremière Les témoins précisent ammaux sans eau, sans étape d'un long processus de déshumanisation. d'ailleurs souvent qu'ils ont été traités comme des nourriture et sans la moindre intimité. Les camps à partir desquels la déportation des juifs a été organisée dans certains pays (Westerbock, Malines, Drancy...) deviennent depuis quelques années des lieux de pèlerinage et de mémoire à part entière.

This map shows the main deportation railways to the most destructive of all the concentration camps, Auschwitz. From each of the towns shown on this map, and from hundreds of other towns and villages, Jews were deported to Auschwitz between March 1942 and November 1944, and gassed.

As the maps in this Atlas record, Jews were killed in many other concentration camps, as well as at Auschwitz; in death camps and slave labour camps elsewhere, or at the hands of mobile killing squads.